Immigration:toujours plus de contrôles à la gare d'Hendaye

Publié le par cimade Pays Basque

Pays Basque
Immigration:toujours plus de contrôles à la gare d'Hendaye

23/10/2008

Antoinette Paoli

Il y a un an, le projet de loi relatif à l'immigration et à l'intégration défendu par Brice Hortefeux avait rapidement essuyé les premières critiques de l'opposition et des associations de défense des étrangers. La loi a été définitivement adoptée le 23 octobre 2007. Pour ses détracteurs, Brice Hortefeux renforce la notion de délit dans la situation des sans-papiers. Alors où en est-on au Pays Basque, à la rive droite de la Bidasoa, un an après ?

«Je ne voulais pas retourner dans mon pays», explique Nadia, d'une voix douce. Elle est algérienne, et a été jugée au Tribunal de Bayonne hier pour séjour illégal dans l'espace/forteresse Schengen. Elle est debout, face à la juge du tribunal, et raconte son histoire. Son visa pour l'espace Schengen est périmé depuis un an, elle le reconnaît de bonne foi. Mais elle a voulu rester en France pour vivre avec son futur mari. Après une longue bataille pour trouver un logement, en région parisienne, elle a pu constituer un dossier de mariage. Elle devait le célébrer le 8 novembre prochain. Mais elle sera reconduite à la frontière avant. Le retour en Algérie c'est vendredi. La sentence tombe comme un couperet, et la laisse sans voix. Nadia comme des dizaines, des centaines d'étrangers, a été contrôlée en gare d'Hendaye ; elle allait juste à Irun. Chaque année ce sont des Indiens, Pakistanais, Africains... qui sont arrêtés et placés au centre de rétention d'Hendaye, qui compte trente places.

Quel est le parcours de ces personnes ? «Ce sont des gens qui n'ont pas décidé de vivre en France, ils ne font que transiter, à travers les pays de l'espace Schengen, et ils ont souvent l'espoir que c'est plus simple en Espagne d'obtenir les papiers», explique l'avocate Laurence Hardouin, responsable également de la CIMADE Pays Basque.

Quotas Hortefeux

La zone frontière est très surveillée et les contrôles ont même augmenté depuis la loi de Brice Hortefeux, ministre de l'immigration et de l'identité nationale.

«Il faut rentrer dans les fameux quotas, déjà jugés par le Conseil constitutionnel contraires au principe d'égalité qui concerne aussi bien les Français que les étrangers» rappelle l'avocate.

«Les gens sont manipulés car on leur fait croire qu'il y a une immigration massive, ce qui est faux. Aujourd'hui, on arrête 80 % de gens qui passent à Hendaye avec des billets de trains payés. Pourquoi, pour faire du chiffre», souligne Laurence Hardouin.

Les quotas tant décriés par les associations début 2008, font état de 25 000 reconduites aux frontières à atteindre par le gouvernement. «On n'a pas les quantités nécessaires de clandestins. Donc tout le monde est arrêté, et cela a un coût très élevé pour l'Etat». Chaque placement en rétention et reconduite aux frontières coûte en moyenne 4 000 euros par personne. Cette pression exercée sur les sans-papiers les conduit de plus à des actes désespérés.
LAURENCE HARDOUIN

Avocate et responsable CIMADE

«La loi de Brice Hortefeux génère encore plus de peur et crée aussi plus de clandestins»

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