Sud-Ouest : Vladimir

Publié le par cimade Pays Basque

Solidarité pour Vladimir:Véronique Fourcade

 Vladimir Kalachov a été placé hier soir en centre de rétention à Toulouse après avoir comparu devant le juge des libertés de cette même ville. Il risque l'expulsion. Mercredi dernier, ce Géorgien de 19 ans avait été interpellé chez son demi-frère, réfugié politique, à Bayonne par la police de l'air et des frontières en vue d'une reconduite à la frontière.
Vladimir avait déjà été arrêté en novembre 2007 et présenté au juge des libertés. Il était ressorti libre, grâce à un vice de procédure. Sa situation a ému des Bayonnais qui connaissent sa situation et notamment les associations de soutien aux sans-papiers tels que la Cimade, la Ligue des droits de l'homme ou le réseau éducation sans frontière. Avec son avocat Maître Larrea, elles étudient la meilleure mobilisation en faveur du jeune homme qui réside à Bayonne depuis son arrivée clandestine en janvier 2007 (voir par ailleurs).
L'un des arguments dont dispose le jeune homme est sa volonté d'intégration dont témoigne le restaurateur François Miura. Le chef l'a pris en stage, dans le cadre de son contrat jeune majeur et il est prêt à l'embaucher si sa situation se régularise. « Je connais Vladimir depuis un an et demi. C'est la Sauvegarde de l'enfance qui l'a orienté vers moi. Je dois dire qu'il a beaucoup progressé ! Il a appris le français et il comprend vite. » raconte le restaurateur. Il vante un garçon vaillant, courageux.
« Ce n'est pas un grand expansif. Je sais que ces papiers qui n'arrivaient pas c'était un problème mais il ne s'en est jamais plaint. C'est quelqu'un qui pourrait avoir de l'avenir dans ce métier ou un autre d'ailleurs parce qu'il est volontaire. Ici, visiblement, il aime son boulot. »


Minorité discriminée. L'équipe éducative du service de jour de la Sauvegarde s'est elle aussi émue. Son éducatrice, Edith Vallejo, a expliqué qu'elle s'engageait à titre personnel : « Vladimir risque d'être renvoyé dans son pays d'origine. Cela pose plusieurs problèmes pour lui. D'abord, il y a la situation d'instabilité dans ce pays. Ensuite, il y a le fait qu'il fait partie de la minorité yézide qui a à subir des discriminations sociales importantes ».
La fédération internationale des droits de l'homme, qui s'est penchée sur la situation des yézides en Géorgie, rapporte qu'ils occupent la position sociale la plus fragile du pays, qu'ils sont exclus des positions publiques et de la plupart des circuits professionnels et éducatifs, cantonnés dans des emplois subalternes. Ils n'ont ni porte-parole ni organisation fédératrice spécifique pour faire entendre leur voix.
À Bayonne, la CIMADE et la Ligue des Droits de l'Homme, par la voix de l'avocate Laurence Hardouin, dénoncent « la politique du chiffre actuellement menée par le Ministre de l'immigration qui permet d'interpeller par deux fois en quelques mois un jeune orphelin déjà éprouvé par les événements tragiques qui ont jalonné sa vie et en danger dans son pays d'origine ».
Ces associations appellent à la mobilisation de tous « afin que cessent les arrestations massives qui sont actuellement menées au mépris des droits fondamentaux ».
Sans famille
Vladimir est né en décembre 1988 à Tiblissi, en Géorgie, dans une famille de la minorité kurde yézide.
Ses parents sont décédés dans des circonstances tragiques. Son père a été assassiné en 2003 et sa mère est morte après l'incendie de leur maison. Ces actes criminels ont pour toile de fond la situation de parias qui est réservée à la communauté yézide en Géorgie.
C'est d'ailleurs sur ses arguments que le demi-frère de Vladimir avait obtenu en 2004 l'asile politique en France.
Orphe lin depuis la disparition de ses parents, Vladimir a trouvé refuge chez ce demi-frère, domicilié à Bayonne. Arrivé en janvier 2006, date à laquelle il était encore mineur, l'adolescent a été confié au centre d'accueil d'urgence de la Sauvegarde par le juge des enfants. Il a aussi tôt entrepris de suivre des cours de français puis, à partir de décembre, Vladimir a commencé un stage de commis de cuisine pour le restaurateur François Miura. Il est aussi membre du club de football des croisés de Saint-André.
Il bénéficie, depuis mars 2006 et jusqu'en octobre 2008 d'un contrat d'aide jeune majeur mis en place par le juge des enfants.
En mars 2007, le jeune homme a fait une demande de titre de séjour, refusée par la préfecture.
Arrêté le 21 novembre 2007 par la police aux frontières, il avait été dans la foulée libéré par le Juge des Libertés et de la Détention de Toulouse pour vice de procédure. Il s'était alors caché quelque temps puis avait repris son stage et ses cours de français. Jusqu'à sa nouvelle interpellation au domicile de son demi-frère mercredi dernier.
Entre-temps, son avocat Maître Larrea, n'est pas resté inactif : une requête a été enregistrée au tribunal administratif, qui l'a rejetée. Un appel a été interjeté auprès de la cour administrative qui a été examiné le 3 avril. Le délibéré est imminent. Vladimir vient en outre de recevoir les certificats de décès de ses parents, documents qui ont tardé à arriver de Géorgie pour cause d'état d'urgence.

Publié dans presse

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